Si j’osais …

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Le Théâtre Artisanal Transgénique

a présenté
Si j’osais mon p’tit coeur…

de Yoland SIMON

Mise-en-scène de Bernard CHANTEUX

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Samedi 13 SEPTEMBRE 2014 – 20h30

Le Théâtre artisanal transgénique (TAT) a monté cette comédie contemporaine de Yoland Simon, qui parle avec humour d’un sujet toujours d’actualité : la torture.

Si j’osais, mon petit cœur… est librement inspiré de l’article « Torture » du Dictionnaire philosophique de Voltaire, évoquant le supplice du chevalier de La Barre.

L’auteur a choisi la voie de l’humour pour parler d’un sujet d’actualité : ce qu’on nommait au temps de Louis XV « la question », autrement dit la torture. Malgré ce fond sinistre, la confrontation d’un vieux président de parlement avec sa très jeune femme et son valet insolent donne lieu à des situations et à des dialogues qui font beaucoup rire.

L’auteur, Yoland Simon, a été président de la Maison de la culture du Havre, puis de l’Union nationale des maisons de la culture. De cet auteur dramatique, nouvelliste et poète ancré dans le présent. A son sujet, Bernard Chanteux, du TAT, écrit : « Il met sa bonne humeur, son humour, sa culture et son don de l’observation au service d’une œuvre qui, sans y toucher, dénonce les conformismes et les petitesses de notre humanité ».

Bernard Chanteux avait déjà mis en scène une oeuvre de Yoland SIMON, jouée à la fin des années 90, notamment dans ce qui deviendra la salle de réception de l’aile ouest du couvent des Ursulines. Il s’agissait de « Chute libre », inspirée d’un fait d’hiver sur la mort de faim et froid d’un jeune chômeur.

     Durée 55mn.

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Ignoble destin de l’Inquisition, la « Question » fut l’incontournable auxiliaire des interrogatoires judiciaires.
L’éveil de quelques grandes consciences du siècle des Lumières aboutit à son abolition en 1780.
Comment en parler, sinon par l’humour noir ? C’est le parti pris de Yoland Simon dont le superbe «  à la manière de » Marivaux réussit à nous faire rire tout en nous rappelant cette face glaçante de l’humanité. Toujours d’actualité.

« C’était au XVIII e   siècle, on y pratiquait la torture ! Ainsi le voulait la procédure, et les mœurs les plus policées s’accommodaient des coutumes les plus cruelles. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on vivrait pareille aventure ! »
En 1762, le négociant toulousain Calas fut faussement accusé
d’avoir tué son fils pour l’empêcher d’abjurer le protestantisme. Il fut torturé et supplicié, à la satisfaction des dévots.
En 1766, le chevalier de la Barre, pour n’avoir pas salué une procession, fut atrocement torturé, mutilé, puis brûlé vif à Abbeville.
En plein siècle des Lumières, ces mœurs épouvantables, benoîtement encouragées au nom de Dieu par une Église toute puissante se heurtèrent enfin à la raison. Dans toute l’Europe des voix puissantes et courageuses s’élevèrent contre l’ignoble : Cesare Beccaria contre la peine de mort et puis d’Alembert, Voltaire, Condorcet … bousculèrent les consciences avec acharnement jusqu’à l’abolition de la Question, le 24 février 1780, par Louis XVI.
La Question ! Le mot a ressurgi sous la plume d’Henri Alleg, torturé en Algérie au nom de la France de Guy Mollet. Et ça continue …
Les pires témoignages sur Auschwitz n’ont pas arrêté l’horreur.


Sachons-le : aucune bête ne fait sciemment souffrir une autre bête.
Mais elles – parait-il – n’ont pas d’âme !


Yoland Simon est un virtuose, faisant vibrer les mots les plus simples jusqu’à leur faire rendre leur puissance musicale. Ses pièces progressent par l’énergie, la rythmique du verbe. Il écrit pour mettre à nu les fragiles écorchures de l’histoire qui font à l’âme de nos contemporains des balafres toujours cuisantes. Il écrit pour dénoncer l’oppression des « systèmes » qui empêchent de respirer toute la vivacité de l’air.


Quand l’effronté Frontin ridiculise d’une pirouette la férocité institutionnelle de l’Ancien régime, c’est notre histoire qui se met en scène devant nous. Pas pour faire la leçon. Pour nous faire retrouver le sens du rire et de l’indignation sans lesquels le théâtre, non plus, n’a plus de goût. »
D’après Jean-Philippe Mestre

« Si j’osais, mon petit cœur … » est la troisième pièce de la Trilogie de Frontin (« À l’ombre des Lumières »). les deux autres sont « Les
incertitudes de Sophie » et « Dieu que la philosophie serait jolie s’il n’y avait des révolutions ».