Le public fait l’œuvre

« Le public fait l’œuvre »

du 8 novembre au 14 décembre 2008

447 visiteurs.

Le titre est un jeu de mots en référence à la citation très célèbre de Marcel Duchamp : « c’est le regardeur qui fait l’œuvre »

Pour Duchamp, une œuvre d’art ne peut prendre sa dimension d’œuvre d’art que dans la mesure où elle peut être regardée.
Fondamentalement, en art contemporain, l’objet signifie ce que l’on veut, le regardeur apporte avec lui le sens de l’œuvre, il fait l’œuvre au même titre que l’artiste.

« Somme toute, l’artiste n’est pas seul à accomplir l’acte de création car le spectateur établit le contact de l’œuvre avec le monde extérieur en déchiffrant et en interprétant ses qualifications profondes et par là ajoute sa propre contribution au processus créatif  » Marcel Duchamp

Au gARage pour cette exposition, c’est le regardeur qui fait l’œuvre au sens littéral du texte, il va comme on dit au charbon, il retrousse ses manches, n’hésite pas à risquer de se salir, il peut se prêter à des positions incongrues, il inscrit-signe son passage. Il est dans le processus de création.

Le spectateur est plus qu’un regardeur, il devient acteur physique de l’œuvre. On garde sa trace: c’est une Œuvre Commune.

L’exposition s’est déroulée en deux temps:
D’abord sous forme de performance sur deux week-ends, dessin des silhouettes: les 8-9 et 15-16 novembre.

178 silhouettes (incluant chat, chien et doudous) ont été signées…

Puis ouverture plus classique le samedi et le dimanche après-midi sur quatre semaines où le public pouvait se promener entre les lignes de silhouettes: les 22-23 et 29-30 novembre, 6-7 et 13-14 décembre 2008.

Enfin, une vente des silhouettes avait lieu le dernier jour, 14 décembre.

Des panneaux de plastique sont accrochés sur des filins dans l’atelier. Pendant deux week-ends en novembre, plus de 170 visiteurs volontaires, sortent de « spectACteurs » ,ont donnés leurs silhouettes : ils ont choisi une position devant le plastique, leur contour a alors été dessiné, puis ils ont repassé leur contour-silhouette avec la couleur de leur choix. Avec une vingtaine de lignes de silhouettes, cela donne finalement une sorte de place publique indoor, à l’aspect embrumé du fait des panneaux translucides. Les formes et les couleurs se mélangent, créant ainsi un tableau sans cesse renouvelé au gré de la déambulation du visiteur entre les panneaux de plastique. L’éclairage, alternant les sources lumineuses joue aussi son rôle de pourvoyeur d’images originales.
Dernière étape de la manifestation : les silhouettes ont été vendues. Le visiteur pouvait ainsi emporté avec lui peut-être sa propre silhouette ou un groupe formant un tableau.

 

Entretien avec Marcel Duchamp (Dernière interview radio de Marcel Duchamp avant son départ pour les Etats-Unis.)
Journaliste: Georges Charbonnier
 » – Marcel Duchamp, nous avons tous ou nous pensons tous savoir ce qu’est une oeuvre d’art. A quel moment existe t’elle et qui la fait?

– Exactement, je n’en sais rien moi-même. Mais je crois que l’artiste qui fait cette oeuvre ne sait pas ce qu’il fait. Je veux dire par là : il sait ce qu’il fait physiquement, et même sa matière grise pense normalement, mais il n’est pas capable d’estimer le résultat esthétique. Ce résultat esthétique est un phénomène à deux pôles : le premier, c’est l’artiste qui produit, le second, c’est le spectateur, et par spectateur je n’entends pas seulement le contemporain, mais j’entends toute la postérité et tous les regardeurs d’oeuvres d’art qui, par leur vote, décident qu’une chose doit rester ou survivre parce qu’elle a une profondeur que l’artiste a produite, sans le savoir. Et j’insiste là-dessus parce que les artistes n’aiment pas qu’on leur dise ça. L’artiste aime bien croire qu’il est complètement conscient de ce qu’il a fait, de pourquoi il le fait, de comment il le fait, et de la valeur intrinsèque de son oeuvre. A ça, je ne crois pas du tout. Je crois sincèrement que le tableau est autant fait par le regardeur que par l’artiste. «