Le Théâtre Artisanal Transgénique a présenté
La peau d’Elisa
de Carole FRECHETTE
Mise-en-scène de Bernard CHANTEUX
Samedi 10 septembre 2011 à 20h30
La pièce est… un puzzle de bonheurs passés et de bonnes heures passées remontant comme des bulles à la surface d’une vie… une fable légère, gaie et poignante qui nous renvoie à tous nos souvenirs, les plus intimes, peut-être les plus lointains ; qui nous fait sourire, pas tant du personnage sur scène, que de nous-mêmes, de toutes nos jeunesses successives et qui nous fait comprendre qu’on est – justement, tiens – en train d’en vivre une nouvelle ! Nous retrouvons nos amis du Théâtre Artisanal Transgénique dans leur dernière production. 33 personnes ont assisté à la représentation.
Voici trois photos du spectacle au gARage:
Comme il est d’usage au gARage, une rencontre « gastronomique » a réuni 27 convives.
Pour en savoir plus:
L’auteure, Carole Fréchette
Née
à Montréal en 1950, Carole Fréchette est l’une des figures majeures du
Théâtre contemporain québécois et même international.
Elle suit
d’abord une formation de comédienne puis passe sa maîtrise d’art
dramatique de l’université de Québec. Dans les années 80, elle joue et
écrit pour le Théâtre des Cuisines. Là, elle apprend toutes les facettes
du métier : comédie, direction scénique, organisation des festivals…
Mais
elle trouve son véritable épanouissement dans l’écriture et se lance en
solo avec Baby Blues en 1991, Les Quatre morts de Marie en 1995 , La
Peau d’Elisa en 1997, Les Sept jours de Simon Labrosse en 1999 puis Jean
et Béatrice et Violette sur la terre en 2002. Cette même année, elle
est récompensée par le Prix de la francophonie au Festival d’Avignon.
Désormais
connue en Europe, Carole Fréchette voit ses pièces régulièrement
reprises par de nombreux metteurs en scène. Ses pièces, traduites en
plusieurs langues, sont jouées dans le monde entier.
Son écriture
généreuse et sensible, son énergie contre le désespoir et ses héros qui
se battent pour exister séduisent, et expliquent la reconnaissance
dont son oeuvre fait aujourd’hui l’objet.
La pièce, La peau d’Elisa (écrite en 1997)
Une
femme parle de ses amours, des histoires qu’elle a vécues et de celles
des autres. Elle insiste sur les détails, décrit les lieux précis, les
gestes, les sensations : le coeur qui bat, les mains moites, le souffle
court, la peau qui frémit sous les doigts. Elle raconte l’angoisse de
tout être humain, la peur de ne plus être aimé, de vieillir…
«
Née du hasard, d’une opportunité saisie par Carole Fréchette lors d’un
projet de création à Bruxelles, en 1997, La peau d’Elisa est une
mosaïque bleu tendre de vérités douces puisées dans les souvenirs de
gens sans autre histoire essentielle que la leur ; un puzzle de bonheurs
passés et de bonnes heures passées remontant comme des bulles à la
surface d’une vie qu’on voit filer avec angoisse », explique Bernard
Chanteux.
“La Peau d’Elisa est un de ces textes qui vous coupent
le souffle et vous laissent assis sur le bord du trottoir. Le ventre et
les yeux illuminés de reconnaissance pour cette petite chose immense
qu’on appelle la vie, c’est le coeur aimant que l’on ressort de cette
pause poétique de Carole Fréchette”.
L’avis du metteur en scène
«
Ce n’est pas une leçon de vie ; à la rigueur : une fable. Légère, gaie
et poignante ; qui nous renvoie à tous nos souvenirs, les plus intimes,
peut-être les plus lointains ; qui nous fait sourire, pas tant du
personnage sur scène, que de nous-mêmes, de toutes nos jeunesses
successives et qui nous fait comprendre qu’on est – justement, tiens :
en train d’en vivre une nouvelle ».
Extraits:
« Qu’est-ce
que je disais ? Ah oui. Ça s’est passé à Saint-Gilles, quand je portais
des pantalons péruviens et des ceintures larges comme ça, avec des
clochettes. Je le croisais tous les midis, dans la rue de la Glacière.
Une rue terne et triste. Il était assez petit, et pas vraiment beau,
mais il avait … Je sais pas… Il était différent.
J’avais dix-sept
ans, peut-être dix-huit. Je portais des grandes ceintures avec des
clochettes qui tintaient quand je marchais. Les entendez-vous, les
clochettes ? Lui aussi portait des vêtements colorés : des chemises de
pirate, des pantalons bouffants, des vestes bariolées. Il y avait une
espèce de compétition entre nous: c’était à celui qui irait le plus loin
clans l’extravagance.
Quand on se croisait, on se regardait du coin
de l’oeil. et on comptait nos points, en silence. Quelquefois, son coude
frôlait le mien et ça faisait une petite étincelle qui éclairait
pendant quelques secondes la rue de la Glacière, qui était terne et
triste. Et puis j’allais à mon école et lui à la sienne. Et c’était
tout. »
«Si vous étiez une femme dans un café, une femme qui a
peur pour sa peau, et si un jeune homme vous avait dit ce qu’il m’a
dit, est-ce que vous l’auriez cru ?
Non ?
Moi je suis sûre que oui.
Si vous aviez peur comme moi et si vous aviez senti sa peau parfaite sous vos doigts, je vous jure que vous l’auriez cru.
Puis
vous auriez commencé à emprunter des souvenirs… avec des petits détails
qui donnent des frissons. Et vous auriez essayé de raconter… Au moins
essayé.»