Le
a présenté
«FACE DE CUILLÈRE»
de Lee HALL
mise en scène Bernard CHANTEUX
avec Fanny Eychenne
Samedi 20 Octobre 2007 à 20h30, 52 spectateurs ont vibré devant « face de cuillère ».
Un repas a réuni 39 personnes à l’issue de la représentation.
à propos de…
La pièce et l’auteur :
Sa mère l’a affublée d’un drôle de prénom :
Steinberg. Et d’un surnom encore plus étrange : Face de cuillère. Parce
qu’à sa naissance elle avait la tête ronde comme lorsque l’on regarde le
reflet de son visage dans une cuillère. Autiste, l’adolescente est une
virtuose du calcul mental et une adoratrice effrénée de la voix de Maria
Callas qu’elle écoute des heures durant, s’identifiant à la Traviata,
comme pour se libérer de ses angoisses. Car Face de cuillère sait
qu’elle est condamnée par le cancer qui la ronge, comme la tuberculose
l’héroïne de l’opéra de Verdi.
Lee Hall est surtout connu pour être le scénariste du film Billy Elliot. Il a aussi écrit La cuisine d’Elvis
vu au Théâtre des Ursulines la saison dernière. Monologue poignant, son
texte parle, d’une écriture simple teintée d’un humour élégant, de
choses dérangeantes et terribles, avec une légèreté de ton remarquable
et une lucidité bouleversante : le handicap mental, la souffrance d’un
enfant qui sait sa fin prochaine. Loin de tout pathos, il fouille en
douceur, avec une extraordinaire compréhension, les profondeurs de
l’âme enfantine restant a distance respectable de ce tabou ultime.
Paroles de spectateurs :
« Ce texte-récit qui requiert de la
proximité avec la comédienne pourrait faire craindre du « trop
pathétique » , mais l’écriture virevoltante, portée par l’énergie de
Fanny Eychenne (dans une palette de jeu qui va du farouche au gracieux
et au plus délicat), va chercher le spectateur au plus fort de
l’émotion, souvent avec humour, et sans voyeurisme.
La mise en scène
de Bernard Chanteux, très épurée, renvoie parfaitement aux quatre murs
dans lesquels évolue le personnage, et le jeu des lumières donne un
juste relief aux moments de désarroi et d’angoisse qui le traversent et
font de ce récit autre chose qu’un « texte ».
« Je connaissais le texte: j’ai vu Face de
cuiller mis en scène par Bernard Chanteux et cette pièce a totalement
fait résonner ce très beau texte par la justesse du jeu de l’actrice et
la sobriété de la mise en scène nécessaire à cet écrit. Spectacle à voir
de toute urgence ! »
le T.A.T. :
Le Théâtre Artisanal Transgénique est une
compagnie nazairienne animée par Bernard Chanteux. Ce n’est pas la
première fois que la compagnie ou ses membres se produisent à
Château-Gontier. On se souvient de « La Crique » de Foissy, de « Après
l’Amour » de Soulier données au Rex, des Sonates lors de la Chalibaude,
de « Chute Libre » de Yoland Simon dans ce qui allait devenir la Salle de
Réception du Carré, et aussi « Théo » de Bertrand Chauveau, présenté à
Ampoigné : du pur bonheur.
Et bien sûr « La Dernière Bande » présentéau gARage en févrer dernier.
On peut sans conteste présenté le T.A.T. comme une référence du théâtre amateur ligérien.
Bernard Chanteux :
C’est un véritable homme des planches. A
celles de l’estrade, il leur aura préféré celles de la scène. Jeune
instituteur, à Paris, il suit les cours de Georges Wilson au TNP de
Chaillot. En banlieue parisienne, il est happé par la lame des théâtres
populaires initiée par Jean Vilar et joue sur les scènes de petits
bleds, de cités HLM… « Amener le théâtre à portée des gens, c’est vite
dit, mais il faut que cette belle idée soit suivie d’actes. Tout le
monde en parle, personne n’en fait. » Ceux qui le connaissent savent que
Bernard Chanteux, n’a pas la langue dans sa poche. Pas plus qu’elle
n’est en bois. Mais ils savent également que l’homme est sincère, ne
déroge pas à ses valeurs. Celles du militant associatif, du “trouvère
populaire”. Son répertoire n’est pas celui du boulevard couru pas moult
troupes de théâtre amateur. « Le public est parfaitement capable de
comprendre Beckett, Shakespeare… Il faut lui donner du grain à
moudre. » Sans tomber dans l’excès inverse : le répertoire abscons.
« Quelqu’un qui ne connaît pas le jazz, tu ne l’amènes pas au free jazz
d’emblée ! » Le “populaire” exige aussi d’aller à la rencontre du
public. « Faire du théâtre dans un appartement d’une cité, ce n’est pas
aisé, mais c’est vachement bien ! » Le public réagit au quart de tour.
« S’il avait été assis dans un théâtre classique, il n’aurait pas osé
participer. » Et pour le mettre à l’aise, « on paie toujours un coup. Ce
n’est pas un bar-buffet pour arrondir la caisse, mais une occasion de
rester pour discuter. Et là, dès que tu as deux personnes en train
d’échanger sur la pièce, tu as un début de culture. »
D’après ESTUAIRE hebdo.